12Le réflexe analysé par les physiologistes a été imposé et célébré par la culture machinique et le monde industriel. Mais d’abord pourquoi s’intéresser au réflexe ? Artaud disait que la vie est indéfendable ; le poète a des droits que nous n'avons pas forcément. Les ovaires de la femme, tout le monde connaît, même sans avoir lu Le deuxième sexe ou le rapport Kinsley, mais la prostate, c'est le désert. On ne peut mieux dire ! Une question se pose alors : ne peut-on pas ou ne faut-il pas le chercher du côté du vivant lui-même ? J’y reviendrai. Qu'on ne fait plus l'amour? Histoire des sciences et politique du vivant, Paris, puf : 63-89. Écoutons par exemple ce propos canguilhemien : « L’œil du vitaliste recherche une certaine naïveté de vision antétechnologique, antérieure aux instruments créés par l’homme pour étendre ou consolider la vie : l’outil et le langage » (Canguilhem 1965 : 91). Tabou n'est peut-être pas le bon mot. Aussi bien dans les histoires estampillées, «Histoire de la virilité», que dans les textes philosophiques qui explorent la sexualité ou le désir «masculin». Définition La maladie de Waldenström est une pathologie rare, qui affecte la moëlle osseuse, à savoir le lieu où sont produites toutes les cellules du sang.C'est une prolifération anormale par excès de sécrétion par les plasmocytes d'une immunoglobuline sanguine, une protéine ayant un rôle dans la défense de l'organisme. L’autre jour, le plombier m’a dit « vous avez une classe insolente » je lui ai répondu « il vaut mieux savoir déboucher des toilettes, c’est bien plus utile » ça l’a fait rire mais il m’a dit qu’il aurait préféré avoir de la classe, que ça lui aurait été plus utile dans la vie ! C'est comme cela que je suis tombé sur Cabanis et Maine de Biran. Il y a, à ce choix, une raison positive, c’est celle que nous venons d’évoquer. Littérature/Poésie/Philosophie (Kimé, 2000) ; Bêtes de longue mémoire (Le Rocher, 2005). Quant à l’expression « allure de la vie », elle se trouve plusieurs fois sous la plume de Canguilhem. On apprend à aimer chaque seconde qui passe et à détester le long terme. Uexküll « retourne le rapport et dit : le temps et les circonstances favorables sont relatifs à tels vivants ». La vie est une maladie de la mort. Armengaud Françoise. Mais surtout Canguilhem justifie son choix comme fondé sur une idée précise. Ils m'ont aidé. Cavaillès avait résumé cette opposition d’une formule lapidaire dans l’ouverture de son Essai sur la logique et la théorie de la science, en confrontant philosophies du concept et philosophies de la conscience. 20J’emprunterai encore à Guillaume Le Blanc sa forte et concise formulation de la conviction philosophique centrale de Canguilhem : « La vie est par elle-même création » (ibid. Si tout comportement convoque la totalité de l’organisme, la maladie ne peut simplement renvoyer à une déviation locale » (ibid.). C’est souvent la combinaison de plusieurs facteurs morbides qui conduit à la rupture de stabilité et au basculement dans un autre état, moins favorable, que l’on appelle maladie. Et, plus largement, autour de certains organes du corps humain? L’activité du vivant lui permet d’inventer des réponses inédites à toute situation nouvelle. Ce grand romancier anglais décrivit avec minutie les conditions de vie des pauvres Londoniens et fut fasciné par la maladie et la pauvreté dans lUatmosphère trouble de Ce qui n'est pas toujours simple pour l'entourage! « Dans ce qui apparaît à l’homme comme un milieu unique, plusieurs vivants prélèvent de façon incomparable leur milieu spécifique et singulier. Maladie; Coronavirus; Confinement; VIDEO. 9Je voudrais souligner encore que c’est une philosophie très cohérente, où tout se tient : les thèmes que je viens d’évoquer constituent à peine des chapitres à part. : 94). Ce qui veut dire précisément qu'on ne va bien qu'en apparence. 6Canguilhem trouve des expressions poétiques dignes de Montaigne et des psaumes de David pour poser cette question : « L’homme ferait-il mieux que l’oiseau son nid, mieux que l’araignée sa toile ? C'est user de son impuissance pour parvenir à inventer d'autres puissances de vie. Le moment du retour coïncide avec un désir de « retour à la normale », au sens de la vie « comme avant » la maladie. Cette élucidation de l’être-malade suppose également que l’on définisse la pathologie non comme le contraire de la normalité, mais comme une autre normativité, comme une « autre allure de la vie ». Cela signifie que cette aide rembourse ce qui n'est pas remboursé par l'Assurance Maladie. En pénétrant dans le cloître de Port-Royal non loin de Saint-Louis. », 4e éd., 1999) ; Bestiaire Cobra, une zoo-anthropologie picturale (La Différence, 1992) ; « Au titre du sacrifice : l’exploitation économique, symbolique et idéologique des animaux », dans B. Cyrulnik, Si les lions pouvaient parler (Gallimard, 1998) ; Lignes de partage. Elle ne peut être que passagère. Pourquoi dépréciées? 29Foucault établit le partage : « d’un côté une filiation qui est celle de Sartre et de Merleau-Ponty, et puis une autre qui est celle de Cavaillès, de Bachelard, de Koyré et de Canguilhem » (ibid.). Canguilhem et les normes, Paris, puf. L’apport de Canguilhem : la maladie une autre allure de vie Le sujet malade chez Canguilhem est un sujet vivant qui résiste aux pressions du milieu en inventant ses propres normes pour pouvoir le faire, l’être humain n’est pas le produit du milieu, mais un centre de résistances aux conditions extérieures. Au milieu du XIXème siècle Charles Dickens eut une influence dans la réforme sociale en Angleterre aussi forte que lUédiction de la loi sur les pauvres de 1832 (1). cit. Si la vieillesse est une maladie, c'est que la vie, globalement, l'est aussi puisqu'elle se termine toujours par la maladie et la mort. 6 La vie est une maladie de l'esprit. La santé a une longue histoire. C’est la position d’un vivant se référant à l’expérience qu’il vit en sa totalité qui donne au milieu le sens de conditions d’existence » (Canguilhem 1965 : 96). : 39). Il explique : « Nous avons parlé à plusieurs reprises d’allures de la vie, préférant dans certains cas cette expression au terme de comportement pour mieux faire sentir que la vie est polarité dynamique » (Canguilhem 1966 : 137). La fatigue, l'ennui, le temps immobile, cela fait partie en effet de l'expérience de la maladie. C'est pourquoi je parle d'un oubli de la prostate. 35Plusieurs questions : d’abord la phénoménologie est-elle indéfectiblement liée à un cogito ? En France, les hauts revenus sont-ils tous des «riches»? Burgat Florence. Le Blanc Guillaume. Mais s’il considère que la philosophie doit prendre son bien dans toute matière étrangère qui lui est bonne – surtout étrangère ! Le cancer secondaire (foie, poumons, os, côlon...) est une métastase qui a pour origine un cancer primitif. 27Canguilhem n’est pas seul. Le mécanisme est quelque chose de très connu. Mais il n'existe pas de marqueur spécifique de la maladie et «le diagnostic, qui repose sur l'examen clinique et l'histoire du patient (antécédent familial, durée d'évolution…), doit être posé par un neurologue», insiste le médecin. 22Conjointement à la critique du réductionnisme, apparaît sous la plume du philosophe une défense du vitalisme. La relation entre le vivant et le milieu n’est pensable que si l’organisme est appréhendé comme un tout qui prélève dans le milieu extérieur de quoi s’assurer un sens individuel global. « Pourquoi la maladie et le réflexe dans la philosophie biomédicale de Canguilhem ? Pouvez-vous nous en dire plus? le contraire de la normalité, mais comme une autre normativité, comme une « autre allure de la vie ». L’animal ne réagit pas par sommation de réactions moléculaires à un excitant décomposable en unités d’excitation, mais il réagit comme un tout à des objets totaux, et ses réactions sont des régulations pour les besoins qui les commandent. En somme, la Umwelt est « un prélèvement électif dans l’environnement géographique » (ibid. 1993. La maladie de Raynaud est un état touchant le flux sanguin vers les extrémités telles les doigts, les orteils, le nez et les oreilles en cas d'exposition à des changements de température ou de stress. : 83). Là-dessus, Nietzsche et Deleuze, ont insisté avec raison. Ainsi, une alimentation appropriée constitue un atout majeur. C'est ce qu'il nous reste d'orgueil quand le véritable orgueil a disparu. Sans doute, poursuit Foucault, ce clivage vient de loin, et il propose d’en faire remonter la trace à travers le xixe siècle : Bergson et Poincaré, Lachelier et Couturat, Maine de Biran et Comte. À nous de poursuivre cette entreprise. : 111). La phénoménologie pouvait bien introduire dans le champ de l’analyse le corps, la sexualité, la mort, le monde perçu, le cogito y demeurait central ; ni la rationalité de la science ni la spécificité des sciences de la vie ne pouvaient en compromettre le rôle fondateur. “6. L’enjeu est celui d’une société inclusive, favorisant les conditions nécessaires pour mieux vivre ensemble. : 18). « Du fait, écrit Canguilhem, qu’elles interdisent au vivant la participation active et aisée, génératrice de confiance et d’assurance, à un … Badiou Alain. Et ce que l'on croyait sans intérêt, vide, ennuyeux, reprend de la consistance. Comme dans la vie, en psychiatrie... toujours à nouveau tout commence et doit ou devrait recommencer par un problème de l’humeur et de ses perturbations possibles : telle est la thèse que dans ces pages nous allons tenter de développer. Autre référence, enfin, dans un tout autre domaine, on trouve le choix du terme d’allure, chez un philosophe mathématicien proche ami de Canguilhem, que ce dernier admirait beaucoup, Jean Cavaillès, résistant fusillé en 1944 à Arras. À cette époque, beaucoup de maladies sont reliées au système neuronal et interprétées comme maladies nerveuses. Marc-Aurèle, pas plus que Nietzsche, vous apportent leur soutien. Le nerf cesse d’être assimilé à une corde ou à un fil, il est plutôt comparé à une mèche (qui amène une explosion). 7Quelques mots maintenant sur sa conception de la philosophie ne seront peut-être pas inutiles pour compléter cette présentation, qui restera néanmoins sommaire. Je le pense absolument. – et notamment la science, Canguilhem n’entend pas pour autant subordonner sa réflexion de philosophe aux sciences : « La philosophie, étant une entreprise autonome de réflexion, n’admet aucun prestige, pas même celui du savant » (ibid. Une maladie méconnue, la maladie des corps de Lewy, produit des symptômes qui évoquent à la fois ceux de la maladie d'Alzheimer et ceux de la maladie de Parkinson. Il est difficile d’évaluer la rapidité avec laquelle le Parkinson évoluera chez chacun. Certes, Canguilhem est « du côté du concept », il l’a dit, mais n’est-il pas aussi du côté du sujet comme vivant, en débat avec son milieu, créateur de normes ? « Figures politiques de l’animalité dans la Cité grecque antique » dans Jean-Luc Guichet (sous la direction de), Figures politiques de l’animalité, Paris, L’Harmattan : 129-138. Dans La Structure du comportement, il estime que c’est l’idée de signification qui « permet de conserver sans l’hypothèse d’une force vitale la catégorie de vie » (Merleau-Ponty [1942] 1977 : 168-169) et que si la coordination par les lois, « telle que la pratique la pensée physique, laisse dans les phénomènes de la vie un résidu », ce dernier est « accessible à un autre genre de coordination, la coordination par le sens » (ibid.). La Formation du concept de réflexe aux xviie et xviiie siècles, Paris, Vrin. Que dire de la guérison? On n'appelle pas cela une maladie, mais une erreur de jugement. Explications avec le Dr Jean-Yves Pierga, chef du département d'oncologie médicale de l'Institut Curie. On aura ainsi une idée plus précise des enjeux de la prise en charge de la maladie chronique. : 112-114)... Nous ne nous y attarderons pas, car cela nous entraînerait trop loin. Canguilhem avance une caractérisation très claire de ce qu’est un organisme : « L’organisme est considéré comme un être à qui tout ne peut pas être imposé, parce que son existence comme organisme consiste à se proposer lui-même aux choses, selon certaines orientations qui lui sont propres » (Canguilhem 1965 : 143). Je ne suis pas particulièrement un adepte de la philosophie de genre, au sens où on parle de la peinture de genre ; je préfère, en tant que lecteur, les grandes fresques philosophiques, mais le sujet, si je puis dire, s'est imposé à moi. L'abus des drogues n'est pas une maladie; c'est une décision, au même titre que de traverser la rue devant une voiture lancée à vive allure. Autre question. » (dans Braunstein, op. Il n'est pas rare alors de chercher du sens à sa maladie, d'en tirer une leçon de vie. Mais l’homme ne s’en tient pas à sa perception : « en tant que savant [il] construit un univers de phénomènes et de lois qu’il tient pour un univers absolu. Canguilhem voit dans le vitalisme « le refus de deux interprétations métaphysiques des causes des phénomènes organiques, l’animisme et le mécanisme » (Canguilhem 1966 : 156). La maladie de la femme et de l'homme fatigués. Je ne supporte pas cette idée. 3 Un malade est un voyant, personne d'autre n'aperçoit plus clairement l'image du monde. C'est un homme des Lumières, qui cherche à établir une science générale des Idées, tout en faisant droit à la part inconsciente de notre sensibilité. Le comportement animal n’est pas une réponse mécanique à des contraintes externes. Le temps se mesure autrement. Maintenant que l'on a fermé l'Hôtel-Dieu à Paris, et que les urgences explosent, je rappelle à la suite du philosophe Dany-Robert Dufour, l'état de déréliction qui était le sien à la veille de sa mort, partagé qu'il était entre son désir de faire fructifier l'entreprise qu'il avait lancée, le premier omnibus payant parisien, et le fait que les laquais n'avaient pas droit de l'emprunter. Malheureusement, semble-t-il, Canguilhem n’explorera guère cette piste qu’il a pourtant magnifiquement ouverte ; il n’ira guère plus loin que cette affirmation, qui peut cependant nous éclairer et qu’il nous est loisible de poursuivre et porter plus loin. C’est ainsi que les Méditations cartésiennes « ont été très tôt l’enjeu de deux lectures possibles : l’une qui, dans la direction d’une philosophie du sujet, cherchait à radicaliser Husserl et ne devait pas tarder à rencontrer les questions que Heidegger pose dans Sein und Zeit, c’est l’article de Sartre sur la Transcendance de l’ego en 1935 ; l’autre qui remontera vers les problèmes fondateurs de la pensée de Husserl, ceux du formalisme et de l’intuitionnisme, et ce sera en 1938, les deux thèses de Cavaillès sur la Méthode axiomatique et la Formation de la théorie des ensembles » (ibid.). J'en viens au deuxième point: le bien-être, c'est de nos jours, la maladie de notre siècle. Or les philosophes s’évertuent à réaliser des variations : le vivant pourrait donner ainsi lieu à une recherche, disons phénoménologique, de variations sur ce qu’on appelle une essence ». Cette phrase m'est revenue à l'esprit lorsque j'ai appris que j'étais atteint d'un cancer de la prostate. 11Dans La Formation du concept de réflexe, Canguilhem note que le réflexe tel que conçu autour de 1850, qui avait pris la forme d’un mécanisme rigide de simplicité élémentaire, va subir une triple révision : en clinique, en physiologie, en psychologie. Je dirais plutôt un tel oubli. La maladie est un état qui exige du sujet vivant une lutte pour continuer à … Merleau-Ponty Maurice. Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search. Pensez-vous vraiment qu'il soit possible de transmettre l'expérience de la maladie à quelqu'un en bonne santé? Idée reprise du Traité de psychologie animale de Frederik Buytendijk : les organismes se manifestent à nous d’abord comme des touts, des unités totalisantes, et de Kurt Goldstein : tout phénomène biologique entretient un rapport avec la totalité. Une nouvelle dimension de la vie. Pour Canguilhem, en effet, « la mécanisation de la vie du point de vue théorique et l’utilisation technique de l’animal sont inséparables » (ibid. Le comportement, poursuit Le Blanc, « désigne l’expérience créatrice de la vie » (ibid.). Mais il faut prêter attention à un autre aspect du problème soulevé par Canguilhem: «la santé n'est pas seulement la vie dans le silence des organes (…) c'est aussi la vie dans la discrétion des rapports sociaux». Elle poursuit : « Aussi la biologie ne devrait-elle jamais jeter hors de son domaine “toute considération de sens” » (ibid.). Or le propre du vivant, c’est de se faire son milieu, de se composer son milieu. [1998] 2007. Cependant, étant donné qu’il s’agit d’une maladie progressive, les symptoms existants s’aggraveront, et de nouveaux symptômes pourraient se manifester. : 235). In Burgat, F. Debru Claude. Dans les deux cas, la liberté est liée à la reconnaissance intellectuelle de la nécessité. Nous allons tenter de voir pourquoi, et ce que nous pouvons en penser. Comme si la maladie signait un arrêt de mort. Elle est indéfendable si on la réduit comme le fait l'OMS à un état de «bien être», ne reposant que sur le sentiment de se sentir en bonne santé. La Santé, concept vulgaire et question philosophique, Pin-Balma, Sables. Goldstein Kurt. Au vécu, plutôt qu’au vivant ? Je m'explique. J’ai souvenir personnellement d’une allusion – c’était une allusion plutôt qu’un récit – à l’Institut d’histoire des sciences de la rue Dufour, à une amputation effectuée sur un maquisard, sous les bombardements.
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