Car Zio est pris pour le grand ma�tre des morues par les morues.� (page 239). [�] Ce n�est qu�un jeu, mais tout se d�roule selon les meilleures traditions navales. libre d�ouvrir et de fermer les paupi�res ! Elle ajouta�: �La premi�re fois que j'ai lu ��L'aval�e des aval�s��, du plus profond de mon �tre, j'ai ressenti la pr�sence de cette adolescente grassette qui gribouillait dans le fond de la classe pendant que nous peinions sur nos versions grecques ou latines. Elle copule, et �a ne lui met pas le c�ur � l�envers. ), s�oppose un �cynisme� (page 164) qu�elle reconna�t, comme elle reconna�t bien qu�elle agit �machiav�liquement� (page 164). - Ducharme cite encore �le po�me de Banville intitul頑�La M�re�� (page 93). Le destin est d�j� imprim� dans le corps�: �Je ne suis pas responsable de moi et ne peux le devenir. - Au cin�ma, �pour �tre seule avec l��cran, je prends place � la premi�re rang�e.� (page 275). Quand un homme rencontrait un autre homme dans sa fuite, il n�avait qu�une alternative�: �viter ou attaquer ce redoutable semblable soudain apparu pour lui disputer la tranquille jouissance de son sein de t�n�bres. [�] Aller tout reprendre. Personne d�autre que moi ne peut agir sur ma volont�.� (page 253). - �Me jeter sur une �p�e. - �Je suis seule. Le XVIe si�cle�: B�r�nice s�imagine sur une caravelle, navire des conquistadors�(page 160), mais, quand le navire est de nouveau �voqu�, c�est avec fantaisie�: �Sautons dans la premi�re caravelle.�- Jetons-nous dans le prochain trois-m�ts.� (page 222). Le sionisme est montr� dans son extr�misme. On trouve dans le roman une curieuse conception de la f�minit�(�Mme Glengarry n�a rien de f�minin�: elle est tout secours, tout d�vouement.� [page 297]), mais surtout une analyse lucide de l�amour qui est vu comme possession, et appara�t soumis au relativisme psychologique. Je t�appartiens corps et �me ! Toutefois, Sartre, pour qui �l�existentialisme est un humanisme�, au nom de l�engagement, se dissociait d�un tel nihilisme. Plus loin, elle garde sa �fen�tre ouverte� �pour laisser aller et venir � sa guise son fant�me� (page 280). ��Je ne sais pas pourquoi, monsieur mon fr�re, mais j�esp�re en vous.��� (page 352). Cette haine de l�adulte, ce refus de l'�adulterie� (page 275), sont en fait dus � l'impuissance � devenir adulte. - �Sept fois septante�!� (page 180) est un souvenir de �septante fois sept fois� qui est le nombre de vengeances de Lamech (dans la ��Gen�se��) et de pardons que J�sus demande � Pierre (dans l��vangile de Matthieu). Par un de ces paradoxes propres � sa pens�e, la libert� an�antit la peur pr�cis�ment parce qu�elle perp�tue la solitude : �Je flotte dans le n�ant ! Je vois des nerfs saillir sur ses mains unies et dans son cou uni. - �To be or not to be� (page 128) est une citation de ��Hamlet�� de Shakespeare, pi�ce o� le h�ros hait sa m�re, et � laquelle une allusion est peut-�tre faite avec �Chamomor est debout au milieu d�une rue d�une ville du Danemark, elle m�attend fixement, et je la hais� (page 207)�: la ville pourrait donc �tre Elseneur. Aussit�t que monte en moi un peu de piti�, pour la faire taire, je frappe plus fort.� (page 269). libre d�ouvrir et de fermer les paupi�res ! Elle se refuse au r�le qu�en amour on impose aux filles�: �Je ne me pendrai jamais au bras d�un gar�on, ne serait-ce que pour ne pas faire comme les deux milliards d�autres exemplaires du sexe f�minin.�[�] Qu�elle ne compte pas sur moi, l�institution de l�amour, la machine � faire se promener les filles au bras des gar�ons. Tu es un mis�rable ! Comme la douleur l'esp�rance va et vient. - �Elle demeurera sept jours dans son impuret� et quiconque la touchera sera impur jusqu'au soir.� (page 219) est le verset 19 du chapitre 15 du ��L�vitique��, un des livres de la Bible, comme le sont ���le Livre de Ruth��� (page 178) et le ��Cantique des cantiques��,�d�o� vient que les dents de Chamomor sont �un troupeau de brebis qui remontent du lavoir� (page 140). Mon c�ur je l�arrache, le jette dans le fleuve.� (page 34). En fait, l�avalement est une m�taphore pour ce qu'en philosophie on appelle l�ali�nation, l�asservissement de l��tre humain, d� � des contraintes ext�rieures ou int�rieures, l'atteinte � la libert�, � l'int�grit� de la personne, tout se passant comme si une substitution avait �t� op�r�e d��ali�n� � �aval�, d��ali�nant� � �avalant�, d��ali�nation� � �avalement�, etc. Alain Bosquet crie au génie et ne voit pas moins, dans cette œuvre étonnante, qu'un miraculeux mariage de Jarry et de Lautréamont2. - �Les grosses gouttes de la pluie s��tant aurifi�es��, elle confie�: �Comme Dana�, je sens mes entrailles s��panouir� (page 290) car celle-ci fut f�cond�e par une pluie d�or. Les religions
Dans ��L�aval�e des aval�s��, sont mari�s un juif et une catholique polonaise, qui se partagent leurs enfants, B�r�nice (qui est juive) et Christian (qui est catholique). - Le �Je pense donc je suis� de Descartes est retourn�en : �Voici ce que je suis [�] Donc je pense.� (page 193) - �Je suis, donc je pense� (page 315). Il aurait fallu que tu me transmettes, par contact, dans notre derni�re �treinte, pendant qu�elle te rongeait encore, la mort qui te rongeait !� (pages 373-374). Avant de donner son aval à l’adaptation théâtrale de son tout premier roman, Réjean Ducharme avait fait part d’un souhait à la metteure en scène Lorraine Pintal : que L’avalée des avalés soit présentée dans de petites … Rougissant d�abord �comme une jeune mari�e� (page 54), �assujetti � son visage� (page 58), puis franchement amoureux,� il tombe sous son emprise, �tant alors pris entre trois femmes possessives, sa s�ur, sa m�re et �la grande-duchesse�. Ce n�est pas fascinant, c�est avalant, �touffant, asphyxiant.� (page 202). [�] Nous hissons notre pavillon, ��tranch� de pourpre et de sable � un squelette d�argent d�pourvu de t�te��. C�est comme si mon appareil proprioceptif l�avait absorb�e d�avance.� (page 338)
- �Pourquoi n�y a-t-il pas d�autres endroits clos appel�s, par exemple ��croisades��, o� un �tre humain pourrait, contre quelques billets, tuer quelques-uns de ses semblables?� (page 339). Description in French only Les 50 ans du roman de Réjean Ducharme Un moment magique à l’image de ce premier roman de Réjean Ducharme, écrit alors qu’il n’avait que 24 ans. Elle dit qu�elle fume des ni�as parce que, pour elle, fumer un ni�as, c�est comme embrasser une Suissesse appel�e Ni�a.� (page 346). Descargar libro L'AVALÉE DES AVALÉS DE RÉJEAN DUCHARME (FICHE DE LECTURE) EBOOK del autor HOMBOURGER JULINE (ISBN 9782806251640) en PDF o EPUB completo al MEJOR PRECIO, leer online gratis la sinopsis o resumen, opiniones, críticas y comentarios. La tristesse est un cloaque.�Quand on veut resplendir, on ne laisse pas tra�ner son �me dans un cloaque.�Ramasse-toi ! Si on se laisse faire, �a nous d�sesp�re.� (page 9). [�] Quand je suis assise ailleurs que dans ma solitude, je suis assise en exil, je suis assise en pays trompeur.� (page 20). Elle en souffre d�abord : �Quand j��tais plus petite, je trouvais [�] que c��tait impossible que mes parents ne puissent pas s�aimer comme je les aimais.� (page 12). Cependant, la conscience subit le conditionnement social par les autres qui sont souvent d�sign�s par�:
- �ils��: �Ils disent que�� (page 10) - �Ils sont sortis du n�ant�� (page 42) - �Quand je me prom�nerai sur les trottoirs avec ma ribambelle de crimes, ils trembleront.� (page 186) - �Ils m�ont rendue violente.� (page 227) ;
- �tous��: �Si je pouvais les voir tous pris dans la brutalit� et la cochonnerie.� (page 229) ;
- �les��: �Je ne les ferai jamais assez end�ver.� (page 359). Prends ces ciseaux et tue-moi !� (page 211). Que faudra-t-il que je fasse pour �tre moi-m�me, pour �tre par moi-m�me, pour cesser de n'�tre qu'un infime parasite de l'�tre qu'est la terre? Rire ! S�il faut perdre, autant perdre beau.�S�il faut que mes soldats et mes chevaux tombent au fond de l�ab�me au premier pas de la charge, autant que ce soient mes chevaux les plus rapides et mes soldats les plus courageux.� (page 162). Elle se livre � une explosion de rage contre elle, � une lutte violente et haineuse (elle parle bien de son �cerveau �bloui de haine� [page 84]), qui la fait se venger mesquinement sur le chat (page 85). Il se montre �rudit aussi�en mati�re d�animaux : �Nous dressons un inventaire en r�gle de notre faune� (page 65). Il est tellement amoureux de la grande-duchesse qu�il ne touche plus terre.�Il est si gonfl� d�amour qu�il plane au-dessus de la terre et des eaux, comme Yahveh.� (page 81). Quoique le b�r�nicien soit une langue ayant ses r�gles (�En b�r�nicien, le verbe �tre ne se conjugue pas sans le verbe avoir�), il repr�sente essentiellement une forme extr�me de libert� de la parole : B�r�nice se laisse aller au gr� des mots, port�e par leur flux sonore (�la chaise monumentale de l��v�que errant, de l��v�que erron�, de l��v�que p�ron�, de l��v�que tibia...�, etc. Donc je pense. S'il n'y avait pas d'enfants sur la terre, il n'y aurait rien de beau.�
R. D.�
On peut donc avancer l'hypoth�se que ce jeune homme plein de fantaisie fut le collaborateur de Luce Guilbeault ou un pr�te-nom consentant derri�re lequel elle se cacha. Le portrait que B�r�nice fait de Zio est particuli�rement significatif puisqu'il articule tous les poncifs de la perception du juif cosmopolite : �Parti d'Arm�nie et de haillons, il dirige maintenant, v�tu d'un complet de fin lainage britannique et chauss� � l'italienne, une tr�s importante soci�t� de pr�ts sur hypoth�que. - �Ils m�ont rendue violente�: j�ai soif de sang.� (page 227). Int�r�t psychologique
��L�aval�e des aval�s�� est avant tout l�histoire d�une enfant, mais qui n�est ni le Petit Prince ni Poil de Carotte, qui lutte �prement pour sa survie et se montre aussi cruel que fragile. Personne d�autre que moi ne peut agir sur ma volont�.� (page 253). Elle n�a qu�� �tre pour �tre glorieuse. Au cimeti�re, les cadavres ! Chensi. Anim�e de la passion d'un amour total, sans compromis, qui �chapperait � la sexualit�, B�r�nice adh�re, au fond, au bon vieux romantisme. Un �tre humain n� � l��ge de quinze ans serait une chose comme moi sans mon pass�, sans phoques dans les art�res, sans condor dans la cavit� pulmonaire.� (page 364). - L��H�autontimoroumenos� (page 101) est une allusion au po�me de Baudelaire de ce titre, qu�il avait traduit par �le bourreau de soi-m�me�. En Isra�l, B�r�nice se heurte enfin vraiment au monde r�el. - pages 203-204, le texte cit�, qui est amput� de sa ponctuation et des quatre derniers mots, est le le sonnet ��Hiver sentimental���:
�Loin des vitres ! Mais le �Vive la solitude !�Vacherie de vacherie !� (page 57) qu�elle prof�re devant le couple que forment Christian et Mingr�lie sonne plut�t comme un cri de d�pit. En termes d�lirants, elle porte le nom de triomphe. Gai, B�r�nice, gai ! L'exaltation est telle qu�elle se r�pand dans le chapitre suivant�: �Je l�aime ! - B�r�nice passe �la nuit dans ��Le Livre de Marco Polo��� (page 107) qui est, en fait, ��Le livre des merveilles du monde�� que le voyageur italien qui, au Moyen �ge, est all� jusqu�en Chine, �crivit en fran�ais. - Elle a le projet d�aller � �cette sorte de Congr�s de Troppau� o�, apr�s avoir feint la bienveillance, apr�s que �tout le plomb ait �t� fondu en cuillers et en cordes de violon�, elle d�ploierait sa violence�: �Je dirai�: ��Oh ! Ainsi, les colonels Br�ckner (ce qui n�est pas un nom polonais !) Le roman re�ut des critiques dithyrambiques en France comme au Qu�bec o� il devint l�oeuvre litt�raire la plus c�l�br�e, son succ�s se transformant rapidement en cons�cration. Pour d�autres, c��tait l'�uvre de Raymond Queneau (� cause de ��Zazie dans le m�tro��) ou de Dominique Aury (cette secr�taire de la N.R.F. Alors que le ph�nom�ne y est rare, Ducharme fait tomber sur la ville une neige abondante pour c�l�brer �la fi�vre que donne la neige de la premi�re fois qu�il neige� (page 209). Ce doute devint plus persistant � mesure que l'�crivain fant�me refusa de rencontrer les journalistes, fut recherch�. - �Avec octobre revient l�heure d�aiguiser ses crayons et de remettre ses gants de boxe.�Comme cette ann�e j�aurai dame Ruby deux fois plus dans les jambes que l�ann�e pass�e, il faut que je me tricote des gants de boxe deux fois plus gros que ceux de l�ann�e pass�e. - Apr�s la d�ception connue aupr�s de Gloria, elle trouve dans sa solitude une source de r�confort : elle s�isole�dans un char d�assaut : �Avec tout cet acier entre moi et le monde, je me sentais merveilleusement bien, je me sentais en s�curit�, j��tais confortable� (page 338) - �J�ai atteint la derni�re profondeur de ma solitude. - �Rien ne peut arr�ter mon �me. - �Quand je me prom�nerai sur le trottoir avec ma ribambelle de crimes, ils trembleront. - �La haine d�livre !��La haine d�livre !� La bont� et l�humilit� ne sont que connivence ! Quand j�ai besoin de quelque chose, je prends, comme un escogriffe. - �Ne pas succomber aux caresses n�est pas une solution, car ne pas y succomber occupe plus de notre temps qu�y succomber.� (page 244). Tout comme celles o� B�r�nice d�crit l�ennui morbide d�une existence qu�on est libre de choisir, mais que rien ne justifie : �Je suis arriv�e dans un pays o� je m�ennuie � mourir. N�anmoins le jour qui vient de passer, tout d�bordant d'activit� qu'il ait �t�, ne manque jamais de me sembler suspect, d�nu� de toute valeur, de me faire trembler de peur. - �Qu�elle est belle !� (page 161). Comme on le constate, les po�mes d��mile Nelligan n�ont gu�re de couleur qu�b�coise, m�me s�il est est dit d�eux qu�ils �go�tent l'eau d'�rable� (page 203), prise comme symbole du Qu�bec, alors que B�r�nice confie que, quand dame Ruby les lui imposait, �ils avaient l�odeur aigre de mon haleine�et ils m��coeuraient� (page 203). Au-del�, c�est m�me l'id�alisme le plus pur qui est affirm� : le monde r�el ne serait qu'une illusion ; croire � la r�alit� du monde serait la folie de l'�tre humain ; suivre la v�rit� jusqu'au bout permettrait d'�chapper � la condition humaine�: �Quelqu�un qui suit la v�rit� jusqu�au bout, qui en a la force, est quelqu�un qui escalade un rayon de soleil et finit par tomber dans le soleil.� (page 258). Tes fr�res, MM. -Les chats de Mme Einberg sont nomm�s Mauriac (pages 65, 92) pour se moquer du grand romancier fran�ais qui �tait catholique comme elle l�est. �Elles vont garder une�fronti�re indiqu�e par quelques barbel�s. Ce n�est que bien plus tard qu�elle indiquera�: �Je me suis mise au lit toute nue, pour m�amuser avec mon clitoris. Ils me font tr�s mal ou ils ne me font absolument rien. [�] Qu�est-ce que c�est?� (page 207), ce � quoi B�r�nice r�pond�: �En termes ordinaires, c�est une d�faite. - Elle n�a �jamais pu apprendre � patiner� et, assez ridicule, se �refracasse la t�te�, se �reromps le coccyx�,�et commente : �Personne n�a �prouv� son derri�re � un tel rythme et avec un tel enthousiasme.� (page 55) - �Je maudis mon impuisance, mon sort et le reste.� (page 54) - �Rien ne les fait plus rire que me voir choir les quatre fers en l�air.� (page 56). Je suis sans souvenirs et sans personne. Pour l�instant, elle proteste�: �Il n�y a plus de secrets nulle part. Pour l'occasion, un groupe de citoyens de la municipalité de Saint-Ignace-de-Loyola, la région d'origine de Réjean Ducharme, planifie un événement. Mais l�histoire est �videmment racont�e par un adulte qui se prend � forcer la convention litt�raire. [�] Je me p�n�tre de la douleur, je l�excite, je la d�guste, je m�en d�lecte. Cette haine est encore accrue en Isra�l o� il s'affiche avec une ma�tresse (page 347). [�] Tous les rois de ce monde, ces usurpateurs, ce sont nos tr�nes qu�ils ont usurp�s.�[�] Il suffit d�un glaive. Zio lui-m�me se r�v�le un fantoche face � l�opini�tret� de B�r�nice. La haine est vraie.� (page 237). �Elle ne parle d�elle que pour me demander si elle m�ennuie.� (page 198). - Le �g�ant des mers lui-m�me�: Adamastor� (page 307) est un personnage de l��pop�e de Camo�ns, ��Les Lusiades��. His first novel, L'Avalée des Avalés (The Swallower Swallowed), was published in 1966 and received the Governor General's Award. Malgr� une attitude radicale, qui est, depuis le coup d�archet de la premi�re page, une crainte de l�avalement, puis une r�sistance � l�avalement et enfin un abandon � l�avalement qui justifie le titre, c�est un �tre complexe et plein de nuances, d�ambigu�t�, d�ambivalence. [�] Il n�y a pas de mort, la mort m�enlevant par l�action qu�on lui suppose, tout moyen de v�rifier qu�elle existe.� (page 350). Il est invraisemblable aussi que, les juifs ashk�nazes s��tant anglicis�s, m�prisant la langue et la culture qu�b�coises, �dame Ruby� ait racont� � B�r�nice l�aventure de �l�intr�pide trappeur m�tis�, Lagimoni�re, et lui ait fait �apprendre des po�mes de Nelligan par c�ur� (page 112), car l�Histoire et la litt�rature des Canadiens fran�ais sont tout � fait ignor�s de l�autre �solitude� (Canadiens fran�ais et Canadiens anglais vivent si � l��cart les uns des autres qu�on les d�signe comme �les deux solitudes�). Si elle est violente et agressive, elle peut aussi se r�v�ler fragile, �tre � la recherche de la tendresse, faire preuve d'une grande sensibilit�, reconna�tre�: �Les forces �trang�res qui me dirigent�n�ont pas que leur ha�ssable toute-puissance, elles ont aussi des tendresses. Il se laisse faire. - Sont surtout pr�sentes des citations du po�te romantique qu�b�cois �mile Nelligan (1879-1941) qui, elles, ne sont pas parodiques car R�jean Ducharme a d�clar� �prouver pour lui �une grande affection fraternelle�, voulant d�ailleurs qu�on prononce son nom � la fran�aise (indiquant bien�: �nez-lit-gant�), comme, para�t-il le po�te le pronon�ait lui-m�me pour s�opposer � son p�re irlandais. - Les �tats-Unis�: B�r�nice se rend en Californie et s�journe � New York dont le tableau se limite d'abord au �columbarium prismatique � dix cages� (page 186) qui est �parall�le et perpendiculaire�� (page 283) ; puis le r�cit de l�escapade avec Constance Chlore (pages 223- 224) ne donne que l�id�e d�une ville moderne grotesque et effrayante. Tu nous visiteras comme un spectre de givre ;
Nous ne serons pas vieux, mais d�j� las de vivre,
Mort ! S�ils ne tremblent pas, ils vomiront ou me cracheront � la figure.� (page 186). Je serai laide � mort.�� (page 230). Personne ne veut me croire. Elle affecte de parler d�elle � son p�re en disant �ta femme� (page 106). Leur connivence se prouve par les m�gots qu�ils fument en cachette (page 82), par leur isolement dans la crypte qui est interdite � B�r�nice (page 83). B�r�nice, ayant t�t constat� l�impossibilit� de son amour pour Christian (page 74), s��tait tourn�e vers�Constance Chlore. Viens me chercher, j��clate ! Comme � la sortie se d�roule �un convoi sinistre d�hommes en chapeau noir et en complet noir� (page 23), on peut en d�duire qu�il s�agit des juifs hassidiques qui vivent surtout � Montr�al, dans le quartier Outremont. Il fut impossible de le lui faire pr�ciser�: s�agissait-il de ��L�aval�e des aval�s��? Je suis seule ; je suis pr�te � le jurer. [�] Souffrir n�est que contre ta chair. Quel soulagement ! Il est encore pris dans les jupes de sa m�re. je suis avalée par le fleuve trop grand, par le ciel trop haut, par les fleurs trop fragiles, par les papillons trop craintifs, par le visage trop beau de ma mère. Je gauchis, m�affale, m�effondre.� (page 242). Ce qui est difficile et seul int�ressant, c�est d�avoir un �tre humain.� (page 96). -�Lors de la remise en �tat du cotre, elle s�isole�: �J�ai cru souhaitable de faire exception� (page 77). - �Tout � coup je sens mon c�ur plein de cynisme. [�] Je le frappe encore et encore. Elle y voit �des jeunes femmes en chemise kaki et en jupe kaki, b�ret noir sur l�oreille et fusil en bandouli�re [qui] marchent�en rangs d��cole au pas de l�oie� (page 326), ce qui est �videmment faux car ce lancer alternatif de la jambe presque � l�horizontale �tait une sp�cialit� des soldats allemands (Ducharme avait-il l� une intention pol�mique ou ne voulait-il que souligner le caract�re grotesque de la vie militaire comme le fait le �Saluuuuuez !� qui suit?). Je sens l�ivresse de la folie me prendre au ventre, au c�ur, � la t�te.� (page 266). Je me ferai appeler Caligula, comme celui qui d�ploya ses soldats face � la mer et leur ordonna de charger.� (page 335). Plus d�gourdie qu�une gr�l�e de plombs, je peux vouloir contre l��lan, vouloir vers d�autres cibles ; mais mon sang et mes chairs sont remplis d�une direction et je ne peux pas plus en changer qu�une bouteille ne peut changer de contenu. - Contre ses cousins�: �Je hais passionn�ment chacun d�entre eux. Je ne sais pas du tout ce qu�il faut que j�en fasse.� (page 125). L�Histoire de l�Italie est utilis�e pour illustrer la division de la famille Einberg entre juifs et protestants par celle entre Guelfes et Gibelins qui �taient, dans l�Italie du Moyen �ge, les uns les partisans de l�empereur, les autres les partisans du pape. Si je lui parle, il ne m��coute pas. J�y vais d�un c�ur all�gre, comme tous ces imb�ciles qui ne voient pas qu�ils ne se rel�vent que pour retomber dans le m�me miasme, dans les m�mes erreurs, qu�ils ne rient que pour retomber dans le m�me ennui, le m�me bl�me ti�de, qu�ils ne se taisent que pour r�p�ter les m�mes insignifiances, les m�mes niaiseries ternes � s�en sucer le sang. - �Je laisse s��crouler sur mon �me les beffrois que j�ai �lev�s pour la fortifier.�� (page 72). Je suis boulevers�e.� (page 61). Enfin, de cet id�al, il faut n�cessairement retomber dans le spleen, subir la fuite du temps, ce pourrissement qu�est l'�adulterie� (qui sonne comme �adult�re�...), cette ignonomie de la conduite finale, cet �chec fatal d�j� inscrit dans le titre du livre. Elles ont toutes le m�me visage : le visage de Mingr�lie. Elle est g�n�reuse, �motive, cultiv�e, pleine d'humour et de surprises.�
Lors d'une f�te donn�e en son honneur pour c�l�brer ses talents, elle distribua parmi l'assistance un texte de R�jean Ducharme. Cependant, comme, � l�occasion du sauvetage de l�ondatra, il a re�u le coup de poing d�un braconnier �b�ti en armoire� (page 69) et qu�il �a vite pris ses jambes � son cou� (pages 68-69), elle regrette d��avoir un ami l�che� (page 69), de constater plus tard qu�il �est min� de besoin�, qu��il est mou, inconsistant�, que �c�est un parasite-n� (page 95), qu�il a �une main molle et froide, incapable de ferveur�, une �belle t�te de l�che� (page 118). Tout � coup je le sens plein de fraternit�, de tendresse, de mis�ricorde.� (page 171). Comme maints personnages sartriens, elle incarne l��tre exil� dans un monde qu�il ne consid�re pas sien, et o� il est condamn� � vivre en solitaire, comme un prisonnier et un �tranger : �Si je n�ai pas, d�abord, cherch� le bonheur, c�est qu�il ne me dit rien, qu�il est laid, qu�il suppose une collaboration avec la puanteur. �a va chauffer ! Dick Dong abandonn�, appara�t, premi�re br�che dans l�armure de celle qui m�prisait tant la sentimentalit� amoureuse, qui se rebelle aussi contre les conventions de l'amour (page 237), le regret du bonheur�: �Si je ne suis pas heureuse, c�est que je n�ai pas cherch� � l��tre. La peau de l'adulte pend � ses os comme des masses de blanc d'�uf. �Impatiente en diable� � son retour (page 313), voyant, car il a grandi, �cette hostile �longation de Christian� (page 313), elle est d��ue par �ce grand chien, ce chien aux grandes pattes et au grand museau� (page 313). La douleur est de se briser les dents en tombant d'un orme.�L'esp�rance est de se briser le c�ur en tombant vers le haut dans les nuages.� (page 299). Je suis le g�n�ral et ils sont les forteresses � prendre. Je vois la section de la pyramide grandir, grandir, grandir. Je pense !�� (page 193). La d�cision, prise par l�O.N.U. Je me suis souvent pr�sent� au confessionnal pour dire les p�ch�s que j'ai faits avec Mingr�lie. Il est �vident qu�on ne peut pas parler � ce propos d�une identit� fig�e, ayant des racines profond�ment ancr�es dans un territoire, et partageant les valeurs communes, mais d�une qu�te de l�identit� au-del� des limites impos�es par le sentiment d�appartenance. En Isra�l, gardant le souvenir de la jalousie �prouv�e � l'�gard des attentions dont Chamomor l�entourait (page 354), elle continue � lui envoyer des lettres, dont �la plus longue lettre jamais �crite� qui �ne contient qu�une phrase r�p�t�e un nombre incalculable de fois. [�] J�ai la certitude que la mort est un triomphe.� (page 207). J�aurai un grand canon et je chasserai l�ennui jusqu�� ce que je tombe morte.� (page 69). Elle est comme Chat Mort. Et leur coexistence explique l'instabilit�, l�ambivalence, l'ambigu�t� de B�r�nice qu�elle justifie par un refus de se soumettre � l'habitude : �L�habitude a tout r�duit en deux gestes et deux mouvements�dont elle ne cesse d�acc�l�rer le rythme d�ex�cution.�La r�p�tition marque le pas, l�habitude orchestre, l�ennui m�ne.� (page 119). Or il a �commis des p�ch�s mortels avec Mingr�lie� (page 163), des �p�ch�s de luxure� (page 168), il conna�t une �terrible angoisse�, traverse une crise religieuse, d�o� : �Comme tous les samedis depuis un mois et demi, nous proc�dons � la r�p�tition g�n�rale de ��La Confession des p�ch�s que Christian a faits avec Mingr�lie��.� (pages 169-170), la formule rituelle�: �Mon p�re, je m�accuse� �tant r�p�t�e ironiquement, la menace de l�enfer �tant brandie, d�autant plus qu�il a �re�u la communion en �tat de p�ch� mortel sept fois� ; aussi s�inqui�te-t-il�: �Il [le pr�tre] ne me donnera jamais l�absolution.� (page 170), et l�impie qu�est B�r�nice s�emploie � lui insuffler du courage�en lui rappelant les croyances de sa religion : �Je suis s�re qu�il te donnera l�absolution. Mais il va sans dire qu'elle doit �tre d�pass�e sur le plan individuel, comme sur le plan collectif, si l'on veut parvenir � la phase constructive de don de l'adulte. He also anonymously wrote the lyrics for multiple songs by Robert Charlebois and Pauline Julien. Si tu y vois, n�as-tu pas honte de m�avoir ainsi laiss� tomber?� (pages 361-362), curieuse casuistique par laquelle elle transpose sur la d�funte la faute qu�elle commet elle-m�me ! Rien ne p�n�tre un enfant ; une aiguille s'y briserait, une hache s'y briserait. Tout � coup, ils me laissent si indiff�rente. je t�aime ! C�est fini. - �Aujourd'hui, je suis joyeuse. Lutte ! En effet, l'int.ention de noms ß.tfs, Il est �videmment impossible que B�r�nice, qui subit ses premi�res menstruations, �rencontre le n�on familier qui annonce�: ��Cordonnier��� et y voie�: �Cochonnerie� (page 219)�: cette hallucination possible en fran�ais ne l�est pas en anglais ! Le roman �tant l�histoire de B�r�nice, racont�e par B�r�nice, elle est bien le seul personnage du roman, les autres n��tant vus qu'� travers elle. Il est montr� que les juifs connaissent un exil perp�tuel, qui les contraint au cosmopolitisme, mais il leur est reproch� de vivre dans une autarcie �touffante. Elle voudrait un attachement exclusif, mais est, par ailleurs, hostile � l'amour possessif, dominateur. Toute pens�e qui me vient est poursuivie jusqu'� son aboutissement, jusqu'aux actes. Je ne demande jamais. Elle donne beaucoup d�importance au discours. L�attaquer fut appel� amour quand l�un se soumettait � l�autre, haine quand l�un et l�autre refusaient de se soumettre.�� (pages 138-139). Quand l�exil � New York d�cid�, Chamomor montre cette sollicitude�: accorder � B�r�nice la compagnie de Constance Chlore, c�est sans effet�: �Tu as d�coch� pour rien cette derni�re fl�che, Chamomor. - L�abbaye comporte une chapelle, une �abside� (page 102), une �crypte� (page 83). Elle est une figure id�ale�par, il va de soi, sa constance (page 195). On naît quelques années plus tard, … Quand vous m�avez trouv�e, j�avais perdu la raison. Si elle est alors faible, elle parvient d�abord � r�sister � la douceur de la pr�sence de Chamomor�: �Elle reste pench�e au-dessus de moi, � se tendre, � attendre, � m�attendre��- ��Aveugl�ment, je me ferme.�Je ferme mes bras, ferme ma bouche. La Perse�:
- �� Cunaxa, nous courrons parmi les ruines de la d�faite de Cyrus� (page 324), ce prince perse ayant �t� vaincu dans cette bataille o� il employa des mercenaires grecs, les Dix Mille, qui �taient conduits par Tissapherne, d�o��: �Je nous vois nous baisser pour ramasser le fer qu�a perdu le cheval de Tissapherne quand il s�est mis � poursuivre les Dix Mille� (page 324) dont la retraite (�la retraite des Dix Mille� d�j� �voqu�e page 129) fut racont�e par X�nophon, d�o��: �La plume de X�nophon elle-m�me ! Tu �tais si affam�e que tu l�as mang�e.�
-�J'�tais folle, Mauritius Einberg ! [�] Il r�le, crie, �cume, bave. Ah ! - �L�amour est faux. Patience n�est qu�un habit le lenteur.�[�] La vitesse finit par tuer son homme. Elle n'assiste �ni � son service fun�bre, ni � sa mise en terre� (page 227). Son cas est celui de l'enfant qui, �tant priv� de nourriture affective, ne peut d�s lors lui-m�me ni donner, ni aimer, se trouve incapable d'�prouver un amour authentique, incapable de tendre vers l'�ge adulte en s'inscrivant dans un monde constructif. [�] Pourquoi faut-il toujours avoir des raisons de se mutiner?� [page 292]). L�orgueil exige qu�on soit ce qu�on veut �tre. Toutes ces belles femmes, ce sont tes femmes, Christian. [�] Oh� ! Le fr�re que j�ai aujourd�hui est lanceur de javelot. Je m�emballe comme un mustang pr�s duquel un train passe.� (page 328). Tu ne voyais donc plus tr�s bien pourquoi tu continuerais � m�endurer dans ton lit.� (page 132). Je pense beaucoup mieux que les philosophes secs.� (page 204), et, alors qu�elle est en compagnie de Gloria, elle indique�: �Nous sommes assises sous cet olivier, et nous philosophons.� (page 362). Je suis aussi une femme. On na�t comme naissent les statues. - �La vie ne se passe pas sur la terre, mais dans ma t�te. Sa joie immanente, elle la trouvait dans ses jeux de mots.� Ceux du roman, elle les reconna�t pour les avoir entendus de la bouche de celle qui avait alors quinze ans. Quand on veut savoir o� on est, on se ferme les yeux. Soutenue par le d�sir de ne pas demander gr�ce, je suis pr�te, avec mon �pingle de nourrice, � d�b�tir toute la terre.� (page 271). Tous ces fleuves, toutes ces mers, il suffit d�en d�cimer les pirates.